mardi 11 mars 2014

Niedernai, Goesli d'Ehenheim



Niedernai se trouve un peu à l’écart des circuits touristiques, et pourtant ce village possède une riche histoire qui remonte au moins à l’époque romaine. Envahi par les Armagnacs, incendié par les Strasbourgeois, pillé et détruit par les Suédois, le bourg a connu un développement chaotique par rapport à sa riche voisine Obernai. Il existe aussi, et depuis fort longtemps, un semblant de rivalité entre Obernai et Niedernai, puisque chacune des deux villes pense que le Minnesänger Goesli d’Ehenheim, ce troubadour du XIIIe siècle, fait partie de ses enfants.
Le printemps semblant en avance sur le calendrier, la strophe de notre musicien-poète apporte une couleur supplémentaire à cette nouvelle journée, belle et rieuse.


« Depuis que l’hiver est chassé
Tout se chante avec joie
Bois, bruyères, prés et champs fleuris.
Vers l’aurore, abandonnant même leurs petits,
Les oiseaux joyeux, se promenant sur les lis,
Les roses, les violettes, chantent toutes les fleurs;
Ainsi je chante le regard, le salut ravissant de ma dame,
Lors même qu’elle me donne douleur et souffrance. »

                          Goesli d’Ehenheim, vers 1226-1250

lundi 10 mars 2014

Dachstein, le siège de 1675 (2)


« Les détachez de Guglas & les Grenadiers de la Ferté donnèrent d’abord, soutenus de leurs Corps ; Champagne & Turenne qui venaient pour relever la tranchée, s’avancèrent aussi, le fossé dont la glace était rompue fut comblé à demi & l’on arriva au haut de la brèche. Les ennemis l’avaient enveloppée d’un retranchement par dedans, d’où ils firent d’abord un grand feu de mousqueterie & de grenades. Les nôtres le soutinrent vigoureusement, quoy qu’en petit nombre, parce que la brèche était fort étroite & fort haute des deux côtés. Le Gouverneur fit mettre le feu à toutes les maisons voisines, qui se répandit bientôt par toute la ville, mais comme il fut tué dans ce moment, tout lâcha le pied, pour se retirer au château. Il était environ une heure de nuit. Le désordre fut grand en entrant, le bruit du combat, les cris, le fracas des coups, la lueur de l’embrasement mêlée avec l’obscurité, tout cela ensemble faisait un effet plein d’horreur. On poussa les ennemis jusqu’au pont du château, où plusieurs furent brulés par des feux d’artifices qu’il nous avait préparez à un certain retranchement, où ils avaient cru pouvoir faire ferme ; & nous demeurâmes entièrement maître de la ville. Nous perdismes à l’assaut Montet Major de Duglas officier de mérite, Digoine capitaine de Champagne, & la Fontaine lieutenant des Grenadiers de la Ferté, dont le Colonel eu un coup de mousquet au travers de la main en montant à l’assaut, à la tête de son bataillon. Il y eut encore quelques officiers blessez. On se retrancha durant le reste de la nuit dans les maisons les plus proches du château.
Sur les neuf heures du matin, durant que le Marquis de Vaubrun reconnaissait les lieux propres pour l’attaque, les ennemis battirent la chamade pour capituler ; ils envoyèrent des otages. On leur envoya Vissac Lieutenant de Roy de Brisach, qui servait volontairement à ce siège, & la Triballe capitaine des Grenadiers de Champagne, qui déclarèrent au Commandant, qu’il ne devait point prétendre de capitulation, qu’il fallait se rendre prisonnier de guerre, ou s’attendre aux extrémités auxquelles sont exposés ceux qui tiennent contre une armée, dans un méchant poste, sans espérance de secours. Il voulut s’en défendre d’abord : mais enfin la peur luy fit prendre le parti de laisser ses soldats prisonniers de guerre, pourvu que les officiers eussent la liberté de se retirer. Il sortit donc le lendemain du château, où il pouvait aisément tenir encore plusieurs jours, & avoir une composition honorable. La garnison qui était encore de plus de huit cents hommes fur menée en France, & quelques mois après on fit raser le château. »

dimanche 9 mars 2014

Dachstein, le siège de 1675 (1)

Porte de la Bruche, XIIIe-XVI siècle

Pour raconter l’histoire de la prise de Dachstein évoquée hier, je propose de vous servir celle fort intéressante que j’ai retrouvée dans les Mémoires des deux dernières campagnes de Turenne en Allemagne publiées en 1680. Nicolas Deschamps, qui en est l’auteur, a servi sous les ordres de Turenne. Son récit écrit immédiatement après les événements détaille le siège et la prise de la ville.

« Dachstein est une petite ville dépendante de l’Évêché de Strasbourg sur la rivière de Brusch, à l’endroit où celle de Mozic s’y vient joindre. Elle est dans une situation plate, environnée d’une forte muraille, flanquée de bonne tours, avec des demies lunes de terre, & quelques autres ouvrages de dehors ; il n’y manquait qu’une contrescarpe. Le Château qui commande un peu la ville, consiste en deux enceintes de fossez qui environnent des bastiments, au milieu desquels est un gros Donjon quarré, flanqué de quatre tours, environné encore d’un assez large fossé. Le Régiment de Knie, un des vieux Corps de l’Empereur , était entré dans cette Place, sous le commandement du Baron Haubits qui en était le Lieutenant Colonel. Il y avait onze petites pièces de canon, & des munitions suffisantes pour une bonne défense. Le Marquis de Vaubrun ayant disposé toutes choses pour le siège, fit ouvrir la tranchée à trois cent pas du fossé, par les Bataillons de Champagne & de Turenne la nuit du vingt-cinq au vingt-sixième de Janvier (1675) ; quoy qu’il gelait très fort, elle fut avancée plus de deux cents pas, & d’abord qu’il fut jour, on fit tirer une batterie de douze canons pour ruiner une tenaille qui couvrait la porte du côté de Strasbourg. La nuit suivante on emporta cet ouvrage l’épée à la main, & on y fit un logement. Le vingt-septième on commença à ruiner une grosse tour qui était près de la porte & à faire brèche au corps de la muraille. La nuit du vingt-sept au vingt-huitième on voulut attacher le mineur par une écluse un peu plus bas que la tour ; mais ce fut sans succès. De sorte que durant le vingt-huitième, on continua de ruiner la muraille, pour rendre la brèche plus accessible, & sur la fin du jour, quoy qu’elle fut encore fort haute & fort étroite, on monta à l’assaut. » … à suivre

samedi 8 mars 2014

Avolsheim, le Dompeter


A Avolsheim, un village situé sur la Bruche, on trouve le Dompeter qui passe pour être la plus ancienne église d’Alsace. Il aurait été consacré par le pape Léon IX en 1049. Détaché des habitations, il se trouve dans un écrin de verdure préservé de tout modernisme.
Au Xe siècle, un hameau distinct d’Avolsheim semble se trouver à proximité du Dompeter. Certains historiens pensent que le village a disparu lorsque Turenne a installé en 1675 son quartier général à l’intérieur du Dompeter lors du siège de la ville fortifiée de Dachstein située à un jet de pierre.
En 1914, des fouilles révèlent les traces des fondations d’un édifice du VIIe siècle comportant trois vaisseaux et un chœur.

vendredi 7 mars 2014

Strasbourg, la cathédrale


Deux génies universellement connus de la littérature ont largement évoqué la cathédrale de Strasbourg dans au moins une de leurs œuvres. Le premier était français, le second était allemand. Le grand Goethe lorsqu’il a fait ses études à Strasbourg, et le non moins grand Hugo lorsqu’il raconte son voyage effectué le long du Rhin.
Goethe écrit en parlant du maître d’œuvre de la cathédrale, Erwin von Steinbach : « Et le niveau où Erwin est monté, personne ne l’en déchoira. Voici son œuvre, entrez-y et reconnaissez le plus profond sentiment de vérité et de beauté des rapports, dont l’action émane d’une âme allemande forte et âpre… ».
Pour Victor Hugo la cathédrale est un « prodige du gigantisme et du délicat ».

Chacun a passé un peu de temps à Strasbourg, et tous deux ont été impressionnés par cet édifice grandiose ; un aboutissement dans l’art de bâtir, avec lequel les constructions modernes ne sauront jamais rivaliser car à l’époque l'on construisait à la gloire de Dieu, et de nos jours nous construisons pour l'orgueil des hommes. Si nos deux génies ont parlé de leurs émotions devant la façade monumentale ou en gravissant la flèche, ni l’un ni l’autre n’ont en revanche évoqué l’espace grandiose que le visiteur découvre en pénétrant la nef. Cette merveilleuse perspective formée par la succession des sept travées, subtilement éclairée par d’immenses claires-voies, qu’il faut passer avant d’arriver au cœur, je me suis contenté de vous l’écrire, non pas avec l’encre de la plume, mais avec la lumière.

jeudi 6 mars 2014

Strasbourg, la Venise du Nord

A l’endroit où l’Ill se ramifie pour ressembler à une main avec ses cinq doigts se trouve le quartier le plus romantique de Strasbourg. Autrefois, il ne possédait assurément pas le même attrait. Au Moyen-âge, on y tanne les peaux avec tous les désagréments pestilentiels que l’on peut imaginer. Plus tard, au XVIe siècle, on crée à cet endroit un hôpital pour soigner les malades atteints de la syphilis que l’on appelle alors "le mal français". L’origine de ce mal remonte à février 1495 lorsque l'armée de François Ier fait son entrée à Naples. Une nuée de gueux et de prostituées se joint aux troupes. Après deux mois de débauche, l’armée se retire de la ville et propage le mal d'abord en Italie, puis en Europe. Paracelse (publication Facebook du 23 février) est l’un des premiers à rédiger un traité portant le titre « Drey Bucher von der Fransosischen Krankheit » vers 1526.
L’hôpital surnommé "Zum Französel", le petit Français, a donné son nom au quartier qui est devenu la Petite France.

Pour conclure, voici un poème écrit par Voltaire sur ces évènements :
"Quand les Français à tête folle
S'en allèrent en Italie
Ils gagnèrent à l'Etourdie
Et Gènes et Naples et la Vérole.
Puis ils furent chassés partout;
Et Gènes et Naples on leur ôta:
Mais ils ne perdirent pas tout,
Car la Vérole leur resta."

mercredi 5 mars 2014

Infos blog


Comme cela a été évoqué ces derniers temps, voilà la version de test du blog qui complétera la page Facebook.
Les maîtres mots pour ce blog sont :
- Offrir une diffusion plus large, et pas uniquement réservée aux utilisateurs de Facebook.
- Permettre une meilleure lisibilité de l’ensemble des publications.  A l’aide des libellés l'on pourra, par exemple, afficher tous les articles relatifs à la Route romane d’Alsace.
- Sécuriser les publications par rapport aux décisions de Facebook.
Vos remarques sont les bienvenues.

Je vous souhaite un bel après-midi.