mardi 2 juillet 2013

Notre Dame du Schauenberg


Impossible de le rater si vous empruntez la Route des Vins entre Rouffach et Colmar. Le pèlerinage de Notre-Dame du Schauenberg est accroché à la montagne et se détache de la bande verte formée par la forêt entre ciel et vignoble. Il ne reste plus rien de la petite chapelle érigée par un ermite aux alentours de 1’an 1400. En revanche, le chœur gothique date de l’agrandissement de 1515. Ces travaux déplaisent d’ailleurs tellement au malin qu'il est pris de rage et fait rouler en direction de la chapelle un énorme rocher qui heureusement dévie de sa trajectoire. Le rocher du Diable se trouve depuis non loin du pèlerinage. Après la chapelle on construit un bâtiment conventuel destiné à abriter quelques franciscains. Les travaux durent jusqu’en 1780, année où le mur de soutènement se termine. En 1870, la troupe allemande fait donner l’artillerie sur le pèlerinage. Ce n’est pas pour en chasser quelques mauvais esprits, mais deux compagnies de francs-tireurs qui s’y sont retranchées. L’édifice est fortement endommagé, mais les dégâts sont réparés les années suivantes. L'endroit offre un fantastique panorama sur la plaine d’Alsace et la Forêt-Noire, et par temps clair on peut voir la flèche de la cathédrale de Strasbourg.

mardi 25 juin 2013

Kientzheim, fief de Schwendi



Nous voici au château de Kientzheim, dont les caves contiennent une fantastique collection de soixante mille bouteilles des meilleurs vins produits en Alsace de 1834 à nos jours. C’est la confrérie Saint-Etienne qui garde jalousement les clefs de ce trésor, mémoire séculaire des nectars alsaciens. Bien que les confrères, portant tricorne noir et manteau-cape rouge-écarlate, se réunissent depuis des siècles (le règlement de la confrérie date de 1561), la confrérie n’est installée en ces lieux que depuis 1973. Le château a été probablement construit par les Comtes de Lupfen, puis cédé à Lazare de Schwendi, généralissime de l’empereur Maximilien II. Largement récompensé pour ses services considérables rendus en combattant les Turcs, Schwendi a acheté en 1563, outre le château de Kientzheim, la ville elle-même, Sigolsheim, Ingersheim, Katzenthal, Logelheim, le château du Hohlandsberg et d’autres localités et terres des deux côtés du Rhin.

jeudi 20 juin 2013

Rosheim, l'église romane

Peu après le lever du soleil, le grès jaune rayonne de lumière et transcende merveilleusement l'édifice. La décoration de l’abside est représentative de ce style roman rhénan soumis aux influences méridionales qui par ailleurs se sont étendues sur une bonne partie du territoire européen. N’oublions pas qu’à l’époque de sa construction, au XIIe siècle, le Saint-Empire romain germanique comprenait encore toute la moitié nord de l’Italie actuelle. Une bonne partie des territoires initialement rattachés aux Hohenstaufen se trouvait en Alsace. L’Empereur Barberousse a fait preuve de générosité en finançant cette belle construction et de là à dire qu’il a peut-être souhaité amener quelques couleurs de l’empire sur les terres alsaciennes il n’y a qu’un pas. La baie est bordée d’une belle frise de palmettes et couronnée d’une bande lombarde. L’archivolte en plein cintre retombe sur deux colonnettes avec un fût torsadé. Des sculptures en relief entourent la fenêtre, on y voit l’aigle de saint Jean, le lion de saint Marc et la trace de l’ange de saint Matthieu. Sa disparition n’est pas récente. Sur une photo prise vers 1860, l’ange manquait déjà. Quelques iconoclastes de la Révolution auraient-ils trouvé ce relief un peu trop ostentatoire au point de le faire disparaître ?

lundi 17 juin 2013

Rosheim, l'église romane


Rosheim, la ville à la rose en référence à son blason héraldique, possède aussi un joyau en grès jaune en la très belle église Saint-Pierre et Saint-Paul édifiée entre 1140 et 1167. 

Les deniers apportés par les Hohenstauffen, seigneurs de Rosheim et occasionnellement empereurs, ont contribués à élever cette belle église romane. Les Hohenstauffen étaient une puissante dynastie de la partie rhénane du Saint-Empire romain germanique qui a longtemps occupé le trône imprérial. Plusieurs villes d’Alsace leur appartenaient et ce sont les Hohenstauffen qui ont construit le château du Haut-Koenigsbourg un siècle avant l’église de Rosheim. Ce vaisseau en forme de croix latine est un témoignage de l’art rhénan ouvert aux influences extérieures avec ses façades décorées de bandes lombardes et de frises d’arceaux.

samedi 15 juin 2013

Soultz, vieilles querelles


Les rivalités qui existaient autrefois entre villes voisines trouvaient parfois leurs origines dans la nuit des temps. Pour prendre une expression courante au XVIIe siècle permettant d’apprécier les distances, Soultz (notre photo du jour) et Guebwiller sont si proches, que d’un coup de canon, on peut tirer d’une à l’autre. La première a appartenu jusqu’à la Révolution à l’évêque de Strasbourg, la seconde à l’abbaye de Murbach. Dans ses chroniques des Dominicains, frère Séraphin a écrit pour l’an 1525, l’année de la guerre des Paysans : « Ainsi le 6 mai, les paysans se présentèrent devant la ville de Soultz. Ils l’occupèrent sans aucune résistance, pour la raison que la communauté les avait laissés entrer, comptant sur eux pour mieux assouvir leur jalousie et leur haine séculaire de nous autres Gebwillerois. » Un peu plus tard, alors que les paysans ont fait leur entrée à Guebwiller, il écrivait : « ..on se rendit compte que les habitants de Soultz étaient plus malfaisants que les paysans eux-mêmes. Ils se ruèrent comme des voleurs ou des brigands enragés dans le couvent des prêcheurs, forçant armoires et bahuts, faisant main basse sur les draps, les aubes, la vaisselle d’étain, le cuivre et les ferrures. Tout ce qu’ils purent trouver fut volé, emporté puis vendu pour se faire de l’argent. Oui, même la sacristie et l’église ne furent pas épargnées ; ils s’emparaient de tout ce qu’ils trouvaient ; quant aux boiseries, ils les fracassèrent et les mirent en morceaux. Même les Turcs sauvages et barbares ne se seraient pas conduits comme ceux de Soultz. »
Aux dernières nouvelles, ces vieilles querelles s'apaiseraient.

lundi 10 juin 2013

Colmar, la maison Schongauer

La maison "zum Schwan", au Cygne (celle de l'oriel aux géraniums), a été l’atelier du peintre et graveur sur cuivre Martin Schongauer, né vers 1440 à Colmar. Son père orfèvre avait choisi de s’installer à Colmar en raison sans doute des nombreuses institutions religieuses de la ville qui lui assuraient un certain niveau de commandes.

Le petit Martin qui va devenir le "Beau Martin", comme le surnomment ses contemporains dont un certain Albrecht Dürer, apprend la gravure et le métier d’orfèvre dans l’atelier de son père. Il commence ensuite son apprentissage de la peinture et prend la route pour compléter ses humanités et se forger un style chez les maîtres de l’époque poussant jusqu’à Augsburg, Nuremberg, Beaune, étudiant à l’université de Leipzig , séjournant peut-être même aux Pays-Bas, avant de revenir vers 1470 à Colmar. C’est peut-être dans cet atelier de la rue qui porte de nos jours son nom que le "Beau Martin" peint en 1473 un de ses chefs-d’œuvre, "La Vierge au buisson de roses" -qui va connaitre à une époque plus récente quelques aventures rocambolesques. Albrecht Dürer l'admire, veut devenir son disciple, mais la peste prend le jeune prodige de vitesse et rend la rencontre définitivement impossible.
Les gravures, qui lui ont assuré louanges et gloire de son vivant, sont curieusement moins célèbres.

mardi 28 mai 2013

Guebwiller, l'hôtel de ville


Aujourd’hui, je vous propose une halte à Guebwiller avec cette photo de l’actuel Hôtel de Ville sous un magnifique ciel bleu. C’est un riche drapier qui fit construire en 1514, à une époque probablement très prospère, cette belle maison bourgeoise agrémentée d’un oriel à cinq faces. Bonne journée à vous.

vendredi 24 mai 2013

Wissembourg, le cloître



L’abbaye de Wissembourg a des origines très anciennes puisque sa création est antérieure à l’an 661. Richement dotée et bénéficiant de privilèges importants, elle a été une des plus opulentes abbayes du Saint-Empire romain germanique. Nombreux furent les empereurs romains depuis Dagobert II à confirmer les chartes et à accorder de vastes terres et nouveaux privilèges à l’abbaye. Une école fut fondée à la demande de Charlemagne et c’est à ce couvent et à celui de Saint-Gall qu’appartient la gloire d’avoir cultivé en premier la littérature allemande. Son influence était grande et pas moins de onze évêques de Spire furent issus des rangs des Bénédictins de Wissembourg, d’autres occupèrent les sièges épiscopaux de Mayence, Worms, Magdebourg… Ce sont les abbés de Wissembourg qui fortifièrent la ville et construisirent quatre châteaux forts pour protéger la cité alsacienne. Au sommet de sa puissance, l’abbé portait le titre de prince-abbé et siégeait à la diète d’empire. La photo montre le cloître inachevé de l’abbaye, dont le mur de droite est mitoyen à l’abbatiale Saint-Pierre-et-Saint-Paul.

samedi 11 mai 2013

Ammerschwihr, la Porte Haute


L’Oberthor, ou la Porte haute d’Ammerschwihr. La ferme royale du IXe siècle se transforme progressivement en village, puis en ville à partir du XIVe siècle. C’est de cette époque que date l’enceinte avec ses trois portes et leur intéressante particularité. Chacune des portes relève alors de la responsabilité d’une seigneurie différente. La première dépend du représentant de l’empereur, la seconde des Rappolstein et la dernière des Holandsberg. Le village souffre énormément des combats de la poche de Colmar en 1945. Bombardé successivement par les Américains, les Français et les Allemands, le village est détruit à 85% et une bonne partie du patrimoine historique disparaît, notamment son hôtel de ville du XVIe siècle dont il ne reste plus que des vestiges.

vendredi 10 mai 2013

Andlau, l'église romane


Même si l’église actuelle d’Andlau date principalement du XVIIIe siècle, elle conserve néanmoins quelques intéressantes parties romanes. Il faut rappeler que l’édifice initial élevé à partir de l’an 880 par Richarde, la femme répudiée de l’empereur d’Occident, Charles III, a été détruit par un incendie vers 1045. Lors de son passage en Alsace, en 1049, le pape Léon IX a canonisé Richarde d’Andlau et a ordonné le transfert des cendres de la sainte en l’église à ce moment encore en reconstruction. En 1160, on a déploré un nouvel incendie, et il ne reste de cette étape que la crypte, le tombeau et le magnifique portail qui retient inévitablement l’attention du visiteur. Ce portail est l’un des fleurons de l’art roman en Alsace et la beauté de ses bas-reliefs m’a subjugué. Le tympan présente un Christ remettant une clé, qui pourrait bien être celle du paradis vu sa grande taille, à saint Pierre et un livre à saint Paul. Les bas-reliefs du linteau racontent en cinq scènes l’histoire d’Adam et Ève. Les montants latéraux, c'est-à-dire le jambage, comportent un empilage de niches avec des couples de donateurs. 

On peut bien sûr se demander pourquoi les églises étaient tellement vulnérables aux incendies. La raison est que les plafonds étaient construits avec des charpentes en bois, et ce n’est qu’à partir de la fin du XIIe siècle qu’on remplacé progressivement le bois par la pierre avec des voûtes sur croisées d’ogives. Peut-être une demande insistante des assureurs de l’époque...

jeudi 9 mai 2013

Andlau, la rivière


L’Andlau, petit rivière venant du Hohwald, a donné son nom à la ville. Elle trouve sa source au Champ du feu, se transforme en cascade au-dessus du Hohwald, traverse Andlau (photo) et termine sa course dans l’Ill.

mercredi 8 mai 2013

Andlau, l'église romane


La Basilique d’Andlau possède une partie romane du XIIe siècle. Alors que j’examinais les lieux, j’ai remarqué une belle lumière passant un vitrail et illuminant une sculpture en bois de saint Antoine de Padoue…

samedi 4 mai 2013

Andlau


Une insolite sculpture de grès représentant un moine bedonnant portant un tonnelet surplombe la cité d’Andlau, au lieu-dit du Moenchberg, qui donne l'un des plus célèbres grands crus d'Alsace. Moenchberg signifie d’ailleurs montagne des moines. La sculpture veut sans doute rappeler qu’Andlau doit son existence à l’abbaye bénédictine. Celle-ci est fondée en 880 par Richarde de Souabe, l’épouse de l’empereur Charles III, dit le Gros. L’empereur souffre d’impuissance et cède à des crises de folie. Il finit par accuser sa femme d’adultère. Richarde est soumise à l’ordalie, le jugement de Dieu, et endure le supplice de la main sur les charbons ardents sans souffrance apparente. Elle est tout de même répudiée et se retire à Andlau.

vendredi 3 mai 2013

Dieffenthal à l'heure du coucher du soleil


Sur la route du vin, peu avant le coucher du soleil, la silhouette du clocheton de l’église de Dieffenthal se découpe dans le ciel. Au loin, on aperçoit le château du Haut-Koenigsbourg.

jeudi 2 mai 2013

Colmar, la maison Pfister (2)

Et si nous nous rapprochions un peu plus de la maison Pfister ? Située à l’angle de la rue des Marchands et de la rue Mercière, il est impossible de rater l’édifice, l’un des plus beaux de la ville sinon le plus élégant. Il faut dire que Ludwig Scherer, un fortuné chapelier originaire de Besançon, a mis les moyens pour construire vers 1537 cette superbe bâtisse avec son oriel à deux étages, ses balcons à encorbellement et ses magnifiques fresques représentant les empereurs du Saint-Empire romain germanique et diverses allégories bibliques. Le nom de maison Pfister vient d’un des propriétaires successifs qui possédait le bien au XIXe siècle.

mercredi 1 mai 2013

Colmar, la maison Pfister (1)


Tiens donc ! Cet endroit ne vous est-il pas familier ? Il s’agit bien sûr de la rue des Marchands à Colmar. Heureuse surprise ! Les échafaudages qui enserraient la maison Pfister depuis des mois ont enfin disparu, le joyau du XVIe siècle se redécouvre après d’importants travaux de rénovation.

mardi 30 avril 2013

Strasbourg, la cathédrale


C’est depuis cette magnifique chaire de pierre que le fougueux et truculent prédicateur Jean Geiler von Kaysersberg a fait résonner sa voix dans la cathédrale à partir de 1480. Pendant trente ans, la foule se pressait, attirée par l’éloquence impétueuse du réformateur de l’Église catholique, un précurseur en quelque sorte de la Réforme qui devait intervenir un peu plus tard avec ses terribles conséquences. Transcrits par les Pénitentes de Strasbourg, ses sermons enflammés ont connu un retentissement dans toute l’Europe occidentale. L’empereur lui- même a tenu à s’entretenir d’égal à égal avec cette lumière spirituelle de la fin du Moyen-âge. Dans ses sermons, il pourfendait les excès de l’église et promulguait un retour à la morale. Geiler von Kaysersberg a épinglé au passage les abus de bonne chère en Alsace. C’est Hans Hammer qui a réalisé pour le prédicateur cette œuvre d’art très ouvragée avec sa cinquantaine de statuettes finement ciselées. Datée de 1485, elle est un bel exemple de l’art gothique flamboyant en Alsace.

lundi 29 avril 2013

Ottmarsheim, l'église romane



Les lettres à un ami intitulées Le Rhin où Victor Hugo raconte son voyage le long du fleuve, voilà une de mes lectures du moment (j’en profite au passage pour remercier Cyrille pour sa suggestion). Alors quand Hugo arrive à Aix-la-Chapelle durant l’été 1838, il consacre sa première visite à la chapelle érigée à la demande de Charlemagne. Il ne cache pas sa déception lorsqu’il découvre ce lieu déjà millénaire. "Hybride et discordant" écrit-il en parlant de l’aspect extérieur de l’église. Puis en parlant de l'intérieur de la chapelle palatine « Rien de plus choquant et de plus effronté que cette chapelle rococo, étalant ses grâces de courtisane autour de ce grand nom carlovingien. Des anges qui ressemblent à des amours, des palmes qui ressemblent à des panaches, des guirlandes de fleurs et des nœuds de rubans, voilà ce que le goût Pompadour a mis sous le dôme d’Othon III et sur la tombe de Charlemagne. La seule chose qui soit digne de l’homme et du lieu dans cette indécente chapelle, c’est une immense lampe circulaire…donnée par Barberousse à Charlemagne. »

Si je vous parle de cette étape aixoise de Hugo, c’est que l’abbaye palatine a servi de modèle à celle où nous entrons aujourd’hui, après l’avoir déjà approché de l’extérieur, il y a de cela quelques semaines. Malgré quelques tourments liés aux soubresauts de l’histoire et des rajouts au XVe siècle, l’on a su garder une apparence respectable à l’église d’Ottmarsheim. Probablement qu’elle aurait produit un effet moins singulier sur notre illustre écrivain.

En entrant dans la nef octogonale, on est saisi d’une impression réconfortante de solidité ; on découvre des formes d’une grande pureté et des proportions parfaites, le tout sur trois niveaux. Heureusement pour nous qu’elle ne soit pas tombée entre les mains de quelque architecte moderniste ou d'un maître d’ouvrage illuminé comme cela se produit encore souvent.
Voilà, ce billet a été à peine plus long que de coutume, mais ce n’est pas tous les jours que Victor Hugo s’invite.

samedi 20 avril 2013

Préambule


Strasbourg, quartier de la Petite France

Ce blog a pour but de rendre accessible à tous les billets de la page Facebook « Colmar by Rémy Brauneisen ». Il propose un regard personnel sur l’Alsace au moyen d’images accompagnées de courts textes. Une vision personnelle dépouillée de modernisme pour une mise en valeur d'un patrimoine séculaire. Un regard, où se mêle  l'histoire et la poésie,  une balade qui vous emmènera des Vosges au Rhin et de Wissembourg à Ferrette, et cela au fil des saisons.