lundi 10 mars 2014

Dachstein, le siège de 1675 (2)


« Les détachez de Guglas & les Grenadiers de la Ferté donnèrent d’abord, soutenus de leurs Corps ; Champagne & Turenne qui venaient pour relever la tranchée, s’avancèrent aussi, le fossé dont la glace était rompue fut comblé à demi & l’on arriva au haut de la brèche. Les ennemis l’avaient enveloppée d’un retranchement par dedans, d’où ils firent d’abord un grand feu de mousqueterie & de grenades. Les nôtres le soutinrent vigoureusement, quoy qu’en petit nombre, parce que la brèche était fort étroite & fort haute des deux côtés. Le Gouverneur fit mettre le feu à toutes les maisons voisines, qui se répandit bientôt par toute la ville, mais comme il fut tué dans ce moment, tout lâcha le pied, pour se retirer au château. Il était environ une heure de nuit. Le désordre fut grand en entrant, le bruit du combat, les cris, le fracas des coups, la lueur de l’embrasement mêlée avec l’obscurité, tout cela ensemble faisait un effet plein d’horreur. On poussa les ennemis jusqu’au pont du château, où plusieurs furent brulés par des feux d’artifices qu’il nous avait préparez à un certain retranchement, où ils avaient cru pouvoir faire ferme ; & nous demeurâmes entièrement maître de la ville. Nous perdismes à l’assaut Montet Major de Duglas officier de mérite, Digoine capitaine de Champagne, & la Fontaine lieutenant des Grenadiers de la Ferté, dont le Colonel eu un coup de mousquet au travers de la main en montant à l’assaut, à la tête de son bataillon. Il y eut encore quelques officiers blessez. On se retrancha durant le reste de la nuit dans les maisons les plus proches du château.
Sur les neuf heures du matin, durant que le Marquis de Vaubrun reconnaissait les lieux propres pour l’attaque, les ennemis battirent la chamade pour capituler ; ils envoyèrent des otages. On leur envoya Vissac Lieutenant de Roy de Brisach, qui servait volontairement à ce siège, & la Triballe capitaine des Grenadiers de Champagne, qui déclarèrent au Commandant, qu’il ne devait point prétendre de capitulation, qu’il fallait se rendre prisonnier de guerre, ou s’attendre aux extrémités auxquelles sont exposés ceux qui tiennent contre une armée, dans un méchant poste, sans espérance de secours. Il voulut s’en défendre d’abord : mais enfin la peur luy fit prendre le parti de laisser ses soldats prisonniers de guerre, pourvu que les officiers eussent la liberté de se retirer. Il sortit donc le lendemain du château, où il pouvait aisément tenir encore plusieurs jours, & avoir une composition honorable. La garnison qui était encore de plus de huit cents hommes fur menée en France, & quelques mois après on fit raser le château. »

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