samedi 15 juin 2013

Soultz, vieilles querelles


Les rivalités qui existaient autrefois entre villes voisines trouvaient parfois leurs origines dans la nuit des temps. Pour prendre une expression courante au XVIIe siècle permettant d’apprécier les distances, Soultz (notre photo du jour) et Guebwiller sont si proches, que d’un coup de canon, on peut tirer d’une à l’autre. La première a appartenu jusqu’à la Révolution à l’évêque de Strasbourg, la seconde à l’abbaye de Murbach. Dans ses chroniques des Dominicains, frère Séraphin a écrit pour l’an 1525, l’année de la guerre des Paysans : « Ainsi le 6 mai, les paysans se présentèrent devant la ville de Soultz. Ils l’occupèrent sans aucune résistance, pour la raison que la communauté les avait laissés entrer, comptant sur eux pour mieux assouvir leur jalousie et leur haine séculaire de nous autres Gebwillerois. » Un peu plus tard, alors que les paysans ont fait leur entrée à Guebwiller, il écrivait : « ..on se rendit compte que les habitants de Soultz étaient plus malfaisants que les paysans eux-mêmes. Ils se ruèrent comme des voleurs ou des brigands enragés dans le couvent des prêcheurs, forçant armoires et bahuts, faisant main basse sur les draps, les aubes, la vaisselle d’étain, le cuivre et les ferrures. Tout ce qu’ils purent trouver fut volé, emporté puis vendu pour se faire de l’argent. Oui, même la sacristie et l’église ne furent pas épargnées ; ils s’emparaient de tout ce qu’ils trouvaient ; quant aux boiseries, ils les fracassèrent et les mirent en morceaux. Même les Turcs sauvages et barbares ne se seraient pas conduits comme ceux de Soultz. »
Aux dernières nouvelles, ces vieilles querelles s'apaiseraient.

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