mardi 25 juin 2013

Kientzheim, fief de Schwendi



Nous voici au château de Kientzheim, dont les caves contiennent une fantastique collection de soixante mille bouteilles des meilleurs vins produits en Alsace de 1834 à nos jours. C’est la confrérie Saint-Etienne qui garde jalousement les clefs de ce trésor, mémoire séculaire des nectars alsaciens. Bien que les confrères, portant tricorne noir et manteau-cape rouge-écarlate, se réunissent depuis des siècles (le règlement de la confrérie date de 1561), la confrérie n’est installée en ces lieux que depuis 1973. Le château a été probablement construit par les Comtes de Lupfen, puis cédé à Lazare de Schwendi, généralissime de l’empereur Maximilien II. Largement récompensé pour ses services considérables rendus en combattant les Turcs, Schwendi a acheté en 1563, outre le château de Kientzheim, la ville elle-même, Sigolsheim, Ingersheim, Katzenthal, Logelheim, le château du Hohlandsberg et d’autres localités et terres des deux côtés du Rhin.

jeudi 20 juin 2013

Rosheim, l'église romane

Peu après le lever du soleil, le grès jaune rayonne de lumière et transcende merveilleusement l'édifice. La décoration de l’abside est représentative de ce style roman rhénan soumis aux influences méridionales qui par ailleurs se sont étendues sur une bonne partie du territoire européen. N’oublions pas qu’à l’époque de sa construction, au XIIe siècle, le Saint-Empire romain germanique comprenait encore toute la moitié nord de l’Italie actuelle. Une bonne partie des territoires initialement rattachés aux Hohenstaufen se trouvait en Alsace. L’Empereur Barberousse a fait preuve de générosité en finançant cette belle construction et de là à dire qu’il a peut-être souhaité amener quelques couleurs de l’empire sur les terres alsaciennes il n’y a qu’un pas. La baie est bordée d’une belle frise de palmettes et couronnée d’une bande lombarde. L’archivolte en plein cintre retombe sur deux colonnettes avec un fût torsadé. Des sculptures en relief entourent la fenêtre, on y voit l’aigle de saint Jean, le lion de saint Marc et la trace de l’ange de saint Matthieu. Sa disparition n’est pas récente. Sur une photo prise vers 1860, l’ange manquait déjà. Quelques iconoclastes de la Révolution auraient-ils trouvé ce relief un peu trop ostentatoire au point de le faire disparaître ?

lundi 17 juin 2013

Rosheim, l'église romane


Rosheim, la ville à la rose en référence à son blason héraldique, possède aussi un joyau en grès jaune en la très belle église Saint-Pierre et Saint-Paul édifiée entre 1140 et 1167. 

Les deniers apportés par les Hohenstauffen, seigneurs de Rosheim et occasionnellement empereurs, ont contribués à élever cette belle église romane. Les Hohenstauffen étaient une puissante dynastie de la partie rhénane du Saint-Empire romain germanique qui a longtemps occupé le trône imprérial. Plusieurs villes d’Alsace leur appartenaient et ce sont les Hohenstauffen qui ont construit le château du Haut-Koenigsbourg un siècle avant l’église de Rosheim. Ce vaisseau en forme de croix latine est un témoignage de l’art rhénan ouvert aux influences extérieures avec ses façades décorées de bandes lombardes et de frises d’arceaux.

samedi 15 juin 2013

Soultz, vieilles querelles


Les rivalités qui existaient autrefois entre villes voisines trouvaient parfois leurs origines dans la nuit des temps. Pour prendre une expression courante au XVIIe siècle permettant d’apprécier les distances, Soultz (notre photo du jour) et Guebwiller sont si proches, que d’un coup de canon, on peut tirer d’une à l’autre. La première a appartenu jusqu’à la Révolution à l’évêque de Strasbourg, la seconde à l’abbaye de Murbach. Dans ses chroniques des Dominicains, frère Séraphin a écrit pour l’an 1525, l’année de la guerre des Paysans : « Ainsi le 6 mai, les paysans se présentèrent devant la ville de Soultz. Ils l’occupèrent sans aucune résistance, pour la raison que la communauté les avait laissés entrer, comptant sur eux pour mieux assouvir leur jalousie et leur haine séculaire de nous autres Gebwillerois. » Un peu plus tard, alors que les paysans ont fait leur entrée à Guebwiller, il écrivait : « ..on se rendit compte que les habitants de Soultz étaient plus malfaisants que les paysans eux-mêmes. Ils se ruèrent comme des voleurs ou des brigands enragés dans le couvent des prêcheurs, forçant armoires et bahuts, faisant main basse sur les draps, les aubes, la vaisselle d’étain, le cuivre et les ferrures. Tout ce qu’ils purent trouver fut volé, emporté puis vendu pour se faire de l’argent. Oui, même la sacristie et l’église ne furent pas épargnées ; ils s’emparaient de tout ce qu’ils trouvaient ; quant aux boiseries, ils les fracassèrent et les mirent en morceaux. Même les Turcs sauvages et barbares ne se seraient pas conduits comme ceux de Soultz. »
Aux dernières nouvelles, ces vieilles querelles s'apaiseraient.

lundi 10 juin 2013

Colmar, la maison Schongauer

La maison "zum Schwan", au Cygne (celle de l'oriel aux géraniums), a été l’atelier du peintre et graveur sur cuivre Martin Schongauer, né vers 1440 à Colmar. Son père orfèvre avait choisi de s’installer à Colmar en raison sans doute des nombreuses institutions religieuses de la ville qui lui assuraient un certain niveau de commandes.

Le petit Martin qui va devenir le "Beau Martin", comme le surnomment ses contemporains dont un certain Albrecht Dürer, apprend la gravure et le métier d’orfèvre dans l’atelier de son père. Il commence ensuite son apprentissage de la peinture et prend la route pour compléter ses humanités et se forger un style chez les maîtres de l’époque poussant jusqu’à Augsburg, Nuremberg, Beaune, étudiant à l’université de Leipzig , séjournant peut-être même aux Pays-Bas, avant de revenir vers 1470 à Colmar. C’est peut-être dans cet atelier de la rue qui porte de nos jours son nom que le "Beau Martin" peint en 1473 un de ses chefs-d’œuvre, "La Vierge au buisson de roses" -qui va connaitre à une époque plus récente quelques aventures rocambolesques. Albrecht Dürer l'admire, veut devenir son disciple, mais la peste prend le jeune prodige de vitesse et rend la rencontre définitivement impossible.
Les gravures, qui lui ont assuré louanges et gloire de son vivant, sont curieusement moins célèbres.