Depuis quelques jours le printemps prend ses aises et nous
les premières habitudes estivales. A Ribeauvillé, la tour des Bouchers dans son
écrin de vert tendre semble, elle aussi, apprécier cette douce chaleur. Autrefois,
cette tour porte appelée par les locaux le Metzgerturm était le point de
passage obligé pour aller d’un quartier de la ville à l’autre, et l’endroit où œuvrait
le bourreau. Au XVIe siècle, elle s’éleva de trois étages supplémentaires pour dominer
de ses trente mètres de haut la petite cité enclavée par les montagnes. Son
toit pointu s’embrasa en 1803 suite à un terrible incendie qui détruisit les
maisons avoisinantes. Restée en fort mauvais état, elle faillit disparaitre
lorsqu’on se décida, de céder quelque peu, ici aussi, à la mode haussmannienne
qui faisait percer de-ci de-là les villes pour les désengorger et avec bien d’autres
arrières pensés encore. Même à Ribeauvillé le combat fit rage entre ceux qui
voulaient à tout prix conserver cette partie du patrimoine historique et ceux
qui voulaient obstinément démolir la tour porte pour favoriser la circulation.
C’est le préfet qui finalement trancha et fit classer la tour monument
historique dès 1866.